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   Notre invité du 28 mars

Patrice Deregnaucourt 

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Patrice Deregnaucourt, un invité qu'on aime beaucoup !

Photographe de talent qui a, longtemps, pratiqué ce qu'il appelle la "chasse photographique" dans la rue. Depuis, la maladie a limité ses déplacements mais Patrice n'a pas lâché sa passion et c'est désormais un délicat univers de natures mortes qu'il invente. Il viendra nous en parler, ainsi que de son parcours si particulier.

De la rue à la chambre, itinéraire d’une passion intacte

 Il y a chasseur et chasseur. Patrice Deregnaucourt a la mine gourmande quand il raconte ses années de photos de rue et il le dit très simplement, il s’agissait bien de « chasse photographique », celle qui vous vient et ne vous lâche pas, celle qui vous permet de savoir que vous avez fait la bonne photo. Enfin, peut-être. Et même sûrement. Même du temps de l’argentique, quand il fallait attendre d’avoir développé son film pour en être certain, Patrice Deregnaucourt se trompait rarement. « Je me dépêchais de finir mon film vite fait, j’avais du mal à attendre quand je pensais avoir la bonne photo ». Pour pratiquer cette fameuse chasse, cet autodidacte absolu était en veille permanente. Représentant en produits chimiques, Patrice était souvent sur les routes. Et sous sa veste, toujours son appareil, la plupart du temps un Leica, pratique parce que petit, qui lui permettait de pas rater la photo qu’il voulait. « Il ne faut jamais attendre quand tu penses avoir la bonne photo. Si tu ne la fais pas tout de suite, tu ne pourras jamais la refaire ». C’est comme cela qu’il lui est arrivé de surprendre son patron avec lequel il était en tournée sur la route. Une silhouette de femme aperçue dans une cabine téléphonique et le voilà qui s’arrête sur le bord de la route, laisse le patron stupéfait dans la voiture, descend, appuie sur le déclencheur et remonte, comme ça, l’air de rien, content et on pourrait même dire heureux. 

D’étonnantes règles géométriques

 Patrice Deregnaucourt photographie depuis ses 20 ans mais son éblouissement remonte encore à plus loin. Il avait dans les 12-13 ans, c’était en colonie de vacances. « J’ai appris à tirer une photo. Quand je l’ai vu apparaître, c’était…. » C’était tellement bien qu’il n’a que des points de suspension pour en parler aujourd’hui. Alors, pendant des années, il a photographié. Des scènes de rue, surtout, en grand admirateur de Cartier-Bresson. « J’ai tous ses livres dans ma bibliothèque. Il ne s’agit évidemment pas de copier ses photos mais j’ai tellement appris en regardant ses photos ». Les siennes obéissent à d’étonnantes règles géométriques, parfaitement repérées avant de déclencher. « Je fais en sorte qu’en regardant la photo, tu ne puisses pas te sauver » sourit-il malicieusement. Et, de fait…. Et puis, aussi, « ton appareil doit être continuellement prêt », merci l’hyper-focale qui lui a permis de réussir tant de photos immédiatement captées. 

« Je ne veux jamais me moquer des gens »

 Patrice Deregnaucourt est un inconditionnel du 50 mm, l’optique la plus proche de l’œil humain, pour lui. Et, surtout, il ne recadre jamais ses photos. Cela rend encore plus admiratif quand on sait cela ! Il a aussi, chez lui, un immense respect de ses sujets. « Je ne veux jamais me moquer des gens » assure cet homme sensible que la maladie a obligé à revoir sa manière de travailler. Difficile pour lui, aujourd’hui, de se déplacer, alors Patrice Deregnaucourt a créé un nouvel univers dans une de ses chambres. Un tissu noir sur sa commode, une bonne maîtrise de photoshop, des objets anciens achetés sur Ebay ou empruntés et voilà un nouvel univers de délicates natures mortes qui se dessine. C’est touchant et ça nous parle, forcément car ces objets font partie de notre imaginaire à tous. Il joue avec la lumière naturelle en montant ou baissant le volet de sa fenêtre, ajoute parfois un objet à son installation grâce au logiciel qu’il a appris seul à maîtriser et le tour est joué. Un joli tour et une manière de faire un pied de nez à la maladie en continuant, envers et contre tout, sa chasse photographique. Autrement, mais sûrement. 

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